Texte d’Emije – « Emilie Center Dance »

Emilie Center Dance – Laurierstraat 26 – 1016 – PL – AMSTERDAM
Mobiele : 205194230
www.emiliecenterdance.com

1er Septembre – 9h – Les gens affluent vers l’entrée du Laurierstraat 26. Quelques personnes attendent dans l’entrée, la queue se prolonge déjà sur plusieurs mètres au niveau de la rue provoquant un tintamarre de klaxons de vélos et des « pas op » hélés de-ci, de-là. Il règne une ambiance joyeuse, la journée s’annonce belle et ensoleillée.

Les papas se déplacent en sifflotant avec leurs enfants en biporteur. Oh qu’est-ce que c’est chouette!  J’aurai bien aimé vivre ça plus petite. Liberté absolue. Sur ces engins à roue tous les âges s’entrecroisent. Les jeunes femmes sont installées en amazone pendant que leur amoureux pédale énergiquement. Les plus âgés optent pour l’électrique. De l’autre côté de la rue passe une maman avec une tripotée d’enfants, 1… 2… 3…4 …. Nom de Dieu ! … 5….. 6….. Quatre devant, un assis dans son dos et un autre sur un vélo relié à la roue arrière pour la plus grande. Ici, c’est toute la famille ou rien !

Il n’y a qu’au pays des tulipes, de l’edam ou des coffee-shops – après chacun fait son choix ou opte pour les trois à la fois – que l’on peut observer cette douce et écologique manière de se mouvoir et de se déplacer. Un peuple heureux et bien équipé quel que soit le temps qu’il fait.

Mon esprit enivré par ces images de romantisme, de douceur de vivre et de savoir-être me transportent l’espace d’un instant dans un monde bercé de charme et de séduction. Je flotte, je sens mon corps léger, très léger comme en lévitation. N’allez pas croire que… je vous promets, je n’ai rien fumé ! Et puis après tout, ça ne me ferait peut être pas de mal de temps en temps

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Je reviens à la réalité, réveillée par une douce voix qui s’approche de nous toutes et tous. Emilie fait son apparition sur le petit escalier extérieur. Elle est vêtue d’une salopette en jean, d’un tee-shirt blanc parsemé de coquelicots et de petites baskets. Sa longue chevelure rousse est relevée avec un pic à cheveux qui laisse entrevoir un cou sensuel sur lequel s’envole trois petites hirondelles tatouées sur le bas de la nuque. Son visage plutôt angulaire est parsemé de petites taches de rousseur qui lui donne un esprit enfantin et ses yeux ont naturellement la forme d’yeux en amande. Un visage hors du commun nous accueille, une femme toute en harmonie en accord dans son corps, sa tête. Ce qui évidemment est loin d’être mon cas !!! Le mien est coupé en deux, dissociation corps-tête, un peu comme les magiciens qui, pour leur spectacle, découpent leur partenaire, le corps d’un côté et la tête de l’autre. C’est ce à quoi je ressemble depuis plusieurs années.
En observant Emilie je me dis qu’elle n’a jamais dû ressentir ce sentiment-là, bien ancrée sur ses deux pieds, à l’aise dans le mouvement, sensuelle avec son corps de femme… Et pourtant il n’en n’a pas toujours été ainsi.

Emilie était une petite fille timide qui ne se prêtait guère aux jeux de ses petits camarades, elle n’osait pas aller vers eux ni engager la conversation. Elle était seule, assise sur la même marche d’escalier dans la cour de récréation. Elle regardait tout autour d’elle. Toujours est-il qu’à force d’observation, elle avait la faculté impressionnante de pouvoir décrire les enfants avec une telle justesse, tant d’un point de vue physique que de la gestuelle. Les maîtresses en étaient subjuguées. Au fond d’elle elle ne voulait pas en parler mais elle était complexée par son corps rondouillet et ses cheveux roux, ondulés. Même à cet âge-là cette couleur de cheveux n’était pas normale pour les enfants. Ils se posaient la question de qui elle était, de quelle planète elle venait ?
Malgré sa chevelure flamboyante et son surpoids Emilie était un peu comme la petite fille qu’on ne voit pas, à laquelle on ne prête pas attention.
Elle reste discrète et effacée.

Les années en élémentaire passèrent sans qu’elle ait eu envie d’activités extra-scolaires, toujours aussi complexée par son corps. Elle commençait à se faire quelques amies au collège et s’apercevait qu’elles aussi avait des complexes différents. Pour les unes, le nez, les oreilles, pour les autres, les pieds, les seins… Emilie se sentait un peu mieux comprise mais elle n’arrivait toujours pas à dépasser le stade de se montrer en dehors de chez elle ou des cours.

Au mois d’octobre sa maman lui proposa de suivre des cours de modern jazz avec elle, cours qu’elle avait démarré en septembre dans un centre de danse réputé du Marais. Emilie refusa de but en blanc. Il était hors de question pour elle qu’elle mette les pieds dans ce type de centre.
Sa maman n’insista pas. Le temps passa… Delphine voyait bien que sa fille vivait un profond mal être mais prise par le quotidien et son travail elle n’avait pas vu qu’Emilie était en grande souffrance. Comme elle ne disait rien et ne montrait rien, sa maman avait mis cela sur le compte de la timidité. C’est vrai que les années de la petite enfance elle ne s’était pas trop posée de questions. Pas d’amies, pas de sorties, pas d’anniversaire. Elle se disait que sa fille était solitaire, un peu sauvage et que c’était son caractère.

Un samedi du mois de novembre Delphine demanda à sa fille si elle ne voulait pas acheter des accessoires de décoration pour sa chambre. Elle avait surprise Emilie feuilletant un catalogue et lui dire en la voyant : « oh c’est joli, oh ça j’aime bien, ça serait sympa pour ma chambre ».

Mère et fille prirent le temps d’une virée parisienne dans les quartiers branchés de Paris. Emilie ne s’était pas sentie aussi bien depuis très très longtemps. Après quelques courses dont Emilie fut ravie, Delphine s’arrêta devant le porche très ancien et cossu d’un immeuble parisien. Emilie ne savait pas dans quel arrondissement elle se trouvait tellement elles avaient marché. Elle sonna à l’appartement N°5. Emilie se demandait ce qu’elle faisait là et n’arrêtait pas de questionner sa mère qui ne lui répondait pas vraiment. Une voix de femme un peu rauque leur répondit. Elles montèrent en ascenseur au 3e étage. Devant la porte une belle femme métisse, très mince les attendaient.
Delphine présenta à Emilie son professeur de danse. Emilie n’en croyait pas ses yeux. Quoi ? Tu danses avec le professeur qui passe à la télé ? Mia proposa à Delphine d’échanger seule avec sa fille et lui demanda de revenir dans deux petites heures.

-💃💃💃-

1er Septembre – Midi – Toutes les fiches d’inscription sont posées par niveaux, par jour et par horaire sur le bureau. Les cours débuteront le 3 Septembre à 9h.
Il suffit parfois d’une seule et unique rencontre pour changer le cours des choses et de toute une vie ……

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Bonjour Emije,
Bravo pour ce texte. Je trouve l’idée de révélation et les descriptions assez efficaces ; je me suis imaginé l’apparence d’Emilie et les scènes sans difficulté.
Je rejoins toutefois l’avis de Francis sur le fait que le moment de révélation aurait pu être plus exploité. Je pense que cela aurait été bien de raconter la scène où Emilie est initiée à la danse et ce qui se passe chez elle lorsqu’elle a sa révélation.
Après, cela est peut-être dû au fait que la narratrice n’est pas au coeur de l’action ; elle n’est pas dans la tête d’Emilie, et n’est pas présente à son initiation à la danse, donc elle ne peut que raconter ce qu’elle voit de l’extérieur. Cela fait donc se poser les questions comme « qui est cette personne? Pourquoi est-elle là? Au final c’est l’histoire d’Emilie ou de cette personne ? » Mais ça peut aussi marcher, si on s’imagine ce texte comme le début d’une histoire où les interactions entre la narratrice et Emilie vont répondre à nos questions … Ou bien, va t-on simplement se concentrer sur l’histoire de la narratrice et Emilie aura juste été une parenthèse dans l’histoire ? ..

Bonjour Emije. J’aime l’idée de fond qu’une personne évolue avec le temps et peut se développer et s’epanouir par le biais d’une activité extra scolaire. Il y a cependant un petit point qui m’a fait tiquer, le fait qu’Emilie commence la danse seulement au collège et ouvre sa propre école de danse par la suite, ça fait court comme expérience non?(mais peut etre cette histoire est elle tirée de faits reels). Aussi, je trouve dommage d’avoir laché Amsterdam après t’être aussi bien appliquée à planter le décors…(au propre comme au figuré avec les petites tulipes ).

Bonjour Emije.

Je trouve le texte beau mais peu en rapport avec la danse, ce qui m’a fait décrocher assez vite d’ailleurs.
Arrivée à la fin, je me suis posée cette question: si Mia n’avait pas été Mia, est-ce qu’Emilie aurait dansé avec un autre professeur de danse ?

Francis,

Merci pour vos commentaires pertinents quant au développement en début et fin de texte. En fait quand je suis dans l’écriture les mots s’inscrivent sur le papier et je ne me pose pas forcément autant de question. Je comprends vos interrogations. Je devrai sûrement me mettre un peu plus à la place du lecteur. (Erreurs du débutant). Alors oui je suis d’accord qu’il mérite plus de développement. Revenir au parcours de Mia pour en arriver jusque là, ses difficultés pourraient être développées en fin de texte avec une suite. Pour répondre à Victoria Emilie n’aurait pas dansé avec un autre professeur. Mia est une révélation avec des actes et paroles qui ont provoqué en elle un déclic. Je reviens un peu plus tard pour la suite des commentaires ….

J’ai bien aimé ce texte même si la danse y est évoquée comme déclencheur, comme révélation, et qu’elle n’est pas plus développée (frustration !). Le changement de personnage m’a un peu perturbée, et surtout laissé sur ma faim : j’ai très envie de connaître davantage l’histoire de ces deux personnages. J’imagine une mise en abîme où chaque personne révélée révèle à son tour, c’est l’histoiiiiiire de la viiiiie, le cycle éternel, tout ça… Comme tu le dis, tu as suivi ton idée, mais tu n’es pas dans notre tête, et il y a sans doute des éléments qui nous échappent et qui sont très clairs pour toi !

Bonjour,

Sil y avait une suite à cette histoire je reprendrai le parcours d’Emilie depuis ses 1ers cours de danse avec les obstacles et difficultés qu’elle a pu rencontrer et la narratrice disparaitrait peut être complètement du paysage …..
Bon week-end.

Bonjour,

Merci à toutes pour vos commentaires. J’ai apprécié cet atelier rempli d’échanges, de suggestions, de questionnements, de bienveillance. Au plaisir de vous retrouver lors du prochain atelier ou au gré des mois suivants.
Merci beaucoup Francis de nous permettre de prendre un plaisir fou, de nous questionner, de tester, de laisser la plume ou le clavier s’emballer, revenir en arrière, rayer, changer d’idée, construire ….
Très bon dimanche. A bientôt.