Après pas mal d’incertitudes, il était en fait évident que tout ceci devait mal finir.
Déjà elle fermait toujours les yeux pendant l’amour.
Naïvement, j’avais d’abord voulu croire que c’était pour mieux ressentir tout le plaisir que je lui donnais.
Passés les premières semaines où le désir est fou de découvrir un corps inconnu, Magda s’était de plus en plus souvent refusée à moi. Elle restait tendre, caline et attentionnée, mais son manque de pulsion la trahissait.
Patient car amoureux fou, je tentais d’abord la séduction verbale : sextos, longs préliminaires, poésie érotique sussurée au creux de l’oreille. Je ne récoltais que des rires attendris. Et des cuisses fermées..
Je me résignais un temps à l’abstinence, comptant sur l’adage « suis moi je te fuis, fuis moi, je te suis ». La jachère perdura.
Cette disette sexuelle ne me réussissait pas. Je finis par en être obnubilé, suspicieux nerveux. La frustration de ses refus décuplait mon envie.
J’envisageais de la quitter, pour replonger dès le pas de la porte franchie. J’étais trop coeur d’artichaut et cérébral pour tout casser à cause d’un trivial problème de sexe.
Magda elle s’en sortait en me comblant ponctuellement, mais c’était laborieux. Sans passion, un peu mécanique. J’avais encore en mémoire la fougue de nos débuts. La comparaison était implacable.
A la faveur d’une chaude soirée de juillet, je décidais de prendre le taureau par les cornes et d’affronter la question. Prêt à tout entendre, du moment que c’était la vérité.
Elle jaillit limpide.
Je sentis surtout Madga soulagée de vider son sac. Non, elle n’était pas frigide. Oui elle m’aimait avec force. Non, elle ne se résignait pas. Oui elle avait conscience qu’on ne pouvait pas se contenter de ça. Et oui, elle avait la solution.
Instaurer le dialogue avait été plus simple que je ne le pensais.
Je dus me rendre à l’évidence, elle avait besoin de penser à d’autres pour prendre son pied.
Magda n’était juste pas ce genre de femme à qui un seul homme peut suffire.
Je ne m’estimais pas coincé du cul, je me pensais même plutôt open. Mais le plan à 3 avec une femme aimée ne faisait pas partie des options que j’avais pris le soin d’envisager. Enfin surtout si le troisième était dépourvu d’une paire de seins.
Je réagis d’abord sans beaucoup d’affect, ne voulant certainement pas comprendre la portée de cette nouvelle. Pour m’aider à aborder le sujet, moi le classique buveur de kir, j’avais enchaîné quelques vodkas au troquet d’en bas. Ma première émotion fût de penser presque amusé que jusqu’au bout, il y aurait des imprévus dans cette histoire avec Magda. La suite me ferait déchanter assez rapidement.
Etourdi à la fois par les vapeurs russes et le choc des préférences sexuelles de ma dulcinée, un sursaut spontané un peu éperdu me fit la prendre par la main. Je l’entraînais dans la rue à la rencontre du premier mec potable qu’on pourrait croiser.
Là aussi, la quête fut plus facile qu’on pourrait l’imaginer. Il faut dire que ma Madga avait de solides arguments, parée de son sourire mutin et ses jambes de pin up. Le constraste entre la fraicheur juvénile de l’un et la féminité intense de l’autre rendrait fou n’importe quel homme bien testostéroné.
Le deuxième type croisé, un certain Jean je crois, monta, assez docile jusqu’à notre appartement. Nous le cueillîmes alors qu’il récupérait son scooter, l’air un peu dans les vapes. Il écouta mon speech, dont je me demande encore comment je pus le sortir avec autant d’aisance, à la fois surpris et intrigué. Ma spontanéité ne laissa pas de place à la suspicion, il nous suivit, avec naturel, semblant confiant et enthousiaste.
Madga que je découvris experte et surtout beaucoup plus délurée que dans notre intimité, lança rapidement les ébats. Je sentis l’inconnu dans mon lit d’abord hésitant, ses gestes étaient tremblants. Il nous avait confié ne pas être néophyte de ce genre d’expérience, bien qu’il ait toujours été intéressé par la nouveauté.
Je ne participais pas vraiment, laissait mon corps comme un automate et restant spectateur de moi même.
Madga jouit comme jamais. L’homme, après ses débuts fébriles, partagea finalement, assez facilement l’allégresse de mon aimée. Il joua d’elle et de moi, maladroit mais gourmand.
Magda n’eut alors de cesse de vouloir recommencer.
Et moi de ne plus jamais revivre ça.
La rupture fut inévitable.
Elle me brisa le coeur.
Je me demande ce que ce type est devenu.
Place de Clichy, ce soir là de juillet, on aurait pû mettre Sébastien Tellier en ambiance sonore, titre « Look » tu vois. Enfin moi c’est comme ça que je le sentais.
La chaleur avait bien voulu rappliquer après des semaines de grisaille parisienne.
Tu sais celle qui te fout en l’air toutes les occasions d’apéros terrasse, seule raison de vivre d’un célib parisien comme moi.
Donc voilà, on y est : en fond d’écrin, la moiteur puante qu’on ne calcule même plus après des années de fréquentations obligatoires.
Le flot des passants qui se mélangent en s‘ignorant : du touriste à ceinture banane , au clochmoute puant, du pré pubère grunge qui se rend à un concert de métal et croise le bobo qui, lui, n’écoute plus ses merdes depuis belle lurette.
Ca grouille, tranquille.
C’est fin de semaine. Les poussettes n’encombrent plus les trottoirs, elles doivent pulluler dans les Belambras de Tunisie pour les plus crevards ou dans les Club Med de Bali pour les mieux pistonnés.
Des néons de partout : d’un côté ceux dévoués aux sexs shops, de l’autre ceux censés te faire cracher ta thune pour des porte clés tours Eiffels fabriqués en Chine. Et entre les deux, du bon restal fourni par Métro, voire Picard les soirs de dèche. Mais attention sur les menus, y’a écrit spécialités françaises. Régal assuré….
Parking de l’allée du milieu, encombré de scooters et de vélos, mieux qu’à Rome dis donc. J’y retrouve mon Vespa ; l’estomac réservoir de 3 verres de blanc et pas comblé par la planche de charcuterie grasse, avalée sur le pouce, la tête flottante comme il faut. Je pourrai rentrer peinard dans mon 18ème adoré.
C’est sans compter sur ce couple que je n’ai pas vu arriver…
C’est ici, à cet instant que tout a commencé.
Ou pas.
Peut être que c’est plutôt là.
Pavillon pas vraiment Phénix, mais pas vraiment Villa non plus .
Plutôt lotissement France moyenne, que détour d’une allée verdoyante.
Maison familiale, terrain archi connu. Pourtant je ne me suis jamais vraiment fondu dans le décor. Je les ai souvent regardés avec d’autres lunettes, toujours un peu de côté. Même gamin, je m’interrogeais sur l’appartenance à cette famille. Ca ne m’empêche pas de les aimer. Mais je ne me reconnais pas en eux.
Depuis la montée en grade de papa, curieusement parallèle avec le rétrécissement de sa largeur d’esprit, on a revu les intérieurs.
Maman a du pas mal s’emmerder devant Valérie Damidot.
Donc on oublie les papiers à fleurs marrons ternis et les moquettes murales. Maintenant c’est plutôt murs unis, tendance couleur flashy, tendance « je t’abrutis la rétine vite fait bien fait oui ».
Heureusement , elle a dû rater des épisodes.
Ma chambre a encore l’honneur de mes posters d’ado. Je retrouve l’odeur des sachets de lavande au fond des tiroirs et le cosy so vintage, que je pourrais refourguer une fortune aux puces de Saint Ouen.
Dans la cuisine et le salon, entre d’autres bibelots cheaps et souvenirs de vacances, trône encore sa collection de chouettes merdiques. Ils ont quand même viré les toiles provençales genre chef d’oeuvre du dimanche d’un artiste raté de Canne La Bocca.
150 M2 de pavillon… que d’espace!
Ca fait rêver par rapport à nos cages à poules de la capitale.
Mais si c’est pour tout gâcher avec leurs gouts de chiotte.
On est en Mayenne mais dans ma tête c’est le Loir et Cher qui sonne, avec un petit fond bien ironique de Ziggy. Pourtant c’est pas ma came musicale. Faut croire que les gouts de chiotte s’accrochent dans les gênes.
Le ballet de la sonnette et des plantes-cadeaux a déjà commencé.
En sus, les piailleries des neveux et la grande gueule du frère aîné qui rythment le craquement des marches de l’escalier que je descends.
Ça sera pas un dimanche midi habituel. Les blagues racistes après le fromage, j’ai supporté jusque là. Celles limites homophobes, aussi. Mais là j’peux plus. Y’a pas moyen que je continue à garder ça pour moi. Pour l’instant ça bouillonne dans mon inconscient, mais ça va pas tarder à gicler. Sans que je n’ai rien vu venir, et encore moins préparé.
C’est donc ici, à cet instant que tout commence en fait non?
Ou toujours pas.
Peut être encore ailleurs.
Peut être ici finalement.
Autre moiteur, autre soleil couchant.
Mais ici, pas de néon ni d’halogène de chez Fly, juste, de partout des lampions multicolores, petits, grands, ovales, ronds qui enchantent les rues. Une kermesse pour adultes le long des échoppes.
La luminosité soyeuse du Viet Nam en soirée
Hoi An plus précisément.
Village de carte postale : la mer de Chine, sa longue plage , ses bouis-bouis où tu dégustes des fruits de mer pour 3 fois rien. Ses boutiques « authentiques » où le Wi Fi est gratos, et d’où on t’interpelle tous les 5 minutes : « Would you like to buy something? » Non, non et re non. J’suis pas là pour faire mon touriste.
On a beau être en février, de ce coté ci de la planète, la nuit est douce et pleine de promesses.
Le bâtiment au fond de la rue est clos, difficile d’en apercevoir les contours derrière la grande palissade en bois. Un peu de patience, c’est demain que tout commencera.
Même en me hissant sur la pointe des pieds, pas moyen d’en voir plus que le toit.
Je reprends mes appuis sur la terre ferme et cherche le regard de mon « Major Tom ». Celui avec qui, main dans la main, je franchirai, ému et tremblant comme un couillon, la palissade de cet orphelinat. Demain, dès l’heure de l’ouverture. Pas sûr qu’on trouve le sommeil d’ici là
Ce moment on l’attend depuis des mois, on s’y est préparé avec fougue, sérieux, passion. On en a discuté, on a avancé, remplit des tonnes de formulaires, pensé alors que c’était une folie. Puis que la vie ne valait d’être vécue sans folie. Mais surtout qu’on en avait une envie furieuse.
Voir une petite bouille grandir, lui transmettre de l’amour, galérer sur des choix éducatifs à la con, rigoler, s’énerver, se confronter, se câliner, se protéger, deviner sa personnalité émerger, l’accompagner. « Rentrer dans le moule » diront certains. Je préfère ceux qui penseront qu’on voulait juste fonder une famille.
On s’est engueulé, on s’est arraché. Il était prêt, pas moi. Et puis j’étais à fond, mais mes doutes l’avaient à son tour tout fait remettre en question. La gestation a été longue, pleine des reliefs de la vie.
Mais ce soir, quand j’accroche son regard, je sais qu’on y est. Le début du reste de notre vie commence demain.
Et comme un gros shoot dans ma face en flash back, me revient cette putain de soirée de juillet place de Clichy. Jusque là, j’étais encore qu’une pauvre caricature de moi-même, un bon hétéro provincial qui se prenait pour un titi parisien 2.0. Les mœurs qui vont avec : Tinder était mon appli préférée, les bars mon hobby principal et GQ ma principale référence culturelle. Et j’étais convaincu de réaliser pleinement les injonctions d’hédonisme et d’égoïsme dont la société nous farcit le mou : Be yourself. Carpe Diem. Just do it. Bouffon de névrosé que j’étais. Mythomane de moi même.
Il aura suffit d’un couple, d’une proposition indécente pour que je m’ouvre à d’autres possibles. Que j’explore d’autres territoires. Que j’apprenne à aimer des corps semblables au mien, que je m’autorise à les désirer et à prendre du plaisir avec eux. Un désir différent, intense. Et laisser ce désir remplacer celui pour les femmes, pour qu’émerge une autre part de moi.
Il aura suffit d’eux, de cet étourdissement, de cette moiteur, d’un peu d’audace spontanée. De cette conjonction folle pour que je sois cet autre moi-même. Après ça, la porte était ouverte, plus moyen de faire machine arrière.
Il aura suffit d’un peu de courage et beaucoup d’énervement pour tout lâcher à ce repas familial. J’avais beau dire à mes potes que ça ne me poserait pas de problèmes, que mes parents n’étaient pas si bouchés, ça n’a pu sortir qu’au détour d’une vanne foireuse sur les pédés, lancée par mon père. J’aurais mis 3 ans à cracher ma valda. 3 ans pour maturer le truc dans mon cortex en révolution. Passer de « je suis devenu bi » à « en fait ce sont les hommes que j’aime ». Faire le deuil d’un futur implacable que je m’étais tracé avec, évidemment une femme. Envisager la solution bancale, utopique et introuvable du « trouple ». Trouver Damien, me noyer dans ses yeux vairons et lâcher prise. Leur balancer tout ça à la gueule. Je n’ai jamais su faire soft.
Ce soir, je suis la somme de ces moments.
Vous pourrez me trouver cheesy comme disent les Ricains, cul-cul en version gauloise mais dans ma tête maintenant tout de suite, basta Delpech et Céline Dion, bienvenu Lou Reed.
Parce que ouais là, c’est juste un perfect day. Plein de promesses de droit au bonheur.
Demain, on la rencontre. Alors oui, elle n’aura pas les yeux si singulier de son père. Mais elle sera notre fille. Je peux penser ces mots, mais je me retiens de les dire à mon Homme: notre fille ! Je les murmure, pour ne pas qu’ils s’envolent.
Il sait mon trouble, prend ma main, la serre avec force et me guide vers notre hôtel.
Tout le long du chemin, nous restons silencieux. Chaque foulée me ramène à notre histoire, ce parcours un peu fou et surtout inattendu.
Après pas mal d’incertitudes, il devenait évident que tout ceci finirait bien.
Les incertitudes venaient en fait de Jean, l’évidence ayant été éclatante dès le départ pour moi.
Mon départ à moi dans la vie n’avait pourtant pas été des plus simples, bien que très cliché : pauvre, banlieusard, arabe avec des yeux vairons et gay. De quoi bien faire se marrer un public de stand up. Comme disait ma meilleure amie, il ne manquait plus que le nanisme pour parfaire le tableau.
Heureusement, ma famille dont la culture l’aurait plutôt encouragée à me rejeter, avait toujours été aimante.
Ma mère d’une douceur infinie, et de cette belle intelligence humaine qui caractérise parfois les gens sans grande éducation scolaire, avait saisi très tôt ma grande sensibilité et probablement ma différence. Elle avait su trouver les mots pour que mon père me voit et m’accepte tel quel. Aussi j’avais pu grandir sans haine de moi et devenir un homme sûr de ses choix. Mon métier de photographe avait amplifié cette acuité dans le regard. J’excellais dans les portraits.
Très tôt j’avais pû voir au coeur des gens ce qu’ils étaient vraiment, surtout pour ceux qui se mentent à eux mêmes. Et ils sont légions.
Pour Jean , c’était plus sinueux.
Il s’était crû hétéro pendant quasi 30 ans!
Puis après une expérience de plan à 3 inattendu, il s’était pensé bi. Déstabilisé par cette nouvelle identité apparue tardivement, il avait imaginé un temps un « entre deux » : le trouple. Il aurait pû y cumuler son envie d’être père, son amour pour les femmes qui perdurait et ses nouveaux penchants, qui l’excitaient beaucoup plus. C’est déjà compliqué en couple, alors cette option était restée une douce utopie. Le chemin pour arriver à accepter cette réalité fût douloureux.
Pas un moment où il n’avait connecté que de choisir de simplifier son prénom Jean Luc en Jean, à ce même moment, pouvait avoir un rapport avec cette découverte d’une nouvelle part de lui.
Du commencement augure la fin disait Quintilien.
Notre rencontre fût belle, simple, sensuelle et pleine de rires.
Rien d’une bluette américaine, une rencontre dans un bar dans le Marais. Quelle originalité ! Enfin quelqu’un qui ne m’abordait par sur le thème éculé de mon regard si troublant et singulier. Ou de mon prénom tellement bleu blanc rouge pour un beau basané comme moi.
Juste une complicité immédiate. Même humour tranchant, mêmes envies au lit. Et le sentiment amoureux qui nous avait pris le bide tranquillement.
Il a fallu pour lui, faire face à l’idée d’être homo, passer le deuil du futur classique qu’il portait depuis qu’il était en âge de se projeter. Il ne se marierait pas à l’église et ne tiendrait pas la main de sa femme à la maternité. Je crois que l’intensité de nos sentiments l’aida pour beaucoup.
Progressivement il avait quitté une pseudo rudesse verbale. Mais pas ses petits airs snobs qui m’amusaient toujours autant…
Il avait franchi avec quelques éclats de voix l’étape douloureuse du coming out. Comme il ne fait rien à moitié mon Jean, il avait choisi le repas dominical avec pour témoins, frères, neveux et tantes. Evidemment, la pilule avait été un peu dure à avaler, mais je finis par être accueilli en terre mayennaise.
Comme un couple lambda, l’envie de partager notre cocon avait maturé.
Toujours rien d’une bluette, le processus avait été un brin douloureux. Mais comme toutes les étapes précédentes, on avait tenu.
Pour en arriver à Hoï An ce soir. Marcher main dans la main jusqu’à l’hôtel.
En attendant de rencontrer demain notre Li An et laissant nos corps se détendre dans cette foulée silencieuse, je songeais alors que nous perdions tous bien trop de temps à penser qu’ après pas mal d’incertitudes, il était évident que tout ceci devait toujours mal finir .
On reconnait bien ton style aussi Alice, avec tes références musicales mais un vocabulaire plutôt « vulgaire ». Je trouve que ça fonctionne bien, c’est bien équilibré et ça donne un effet de spontanéité, de langage parlé que j’aime bien. J’ai beaucoup aimé aussi ta manière de jouer avec la phrase « c’est ici, à cet instant que tout a commencé » et le fait qu’elle revienne rythmer le texte. L’arrivée du Vietnam en fin de texte intrigue, on se demande le lien avec le début du texte mais j’imagine qu’on va le savoir prochainement!
Je trouve très bonne cette idée de « plusieurs possibles ». Non seulement c’est original mais surtout très malin: ça te laisse un champ ouvert pour la proposition 2 😉 !
Ton texte est rythmé comme dit Ariane et on ne s’ennuie pas un instant ! On a ainsi différentes facettes de ton personnage selon les endroits décrits. J’aime beaucoup « la luminosité soyeuse du Viet Nam en soirée » : c’est très beau
J’ai beaucoup aimé aussi ce côté « billard à trois bandes » du texte, qui laisse planer le doute, et le côté très ouvert, très riche, de ce texte… Et bravo, Schiele, pour cette tentative de changement de « style » qui est fort bien menée. Nous t’avons tous lu, sur d’autres ateliers, dans une langue davantage soutenue, voilà que tu rejoins le clan des « gouailleurs » (ça, c’est l’influence de Laurent, si ça se trouve 😉 ), et tu fais ça plutôt bien.
je dois avouer avoir lu 4 fois pour saisir toutes les subtilités du texte. Après il y a le style qui me parle…. les « piques » sur la société de consommation et le goût vulgaire me parle aussi… Bon j’attends la suite 🙂
Les portes ouvertes au fil du texte nous permettent de passer d’une ambiance à une autre et de se représenter ton personnage … Les mots sonnent justes, percutent … Je me suis surprise à imaginer un film… Le début, des flash back, le passage d’une page de vie à une autre… quel sera le prochain plan… tout est possible, c’est ça qui est chouette, c’est ça qui est bon… j’ai aimé 🙂
merci pour vos retours, j’avais peur que la troisième partie soit de trop notamment, mais personne ne semble avoir relevé ce point. Après j’espère que je vais pouvoir raccrocher les wagons avec ce que Gaëlle va proposer pour la suite….. Laurent tu peux m’en dire un peu plus sur le fait d’avoir du lire plusieurs fois pour comprendre; certains passages ne sont pas clairs?
J’ai beaucoup aimé ta façon d’écrire, qui change de d’habitude et qui m’a prise dès le début !
Je ne suis pas sûre d’avoir saisi toutes les subtilités, mais du coup, j’attends la suite avec impatience pour voir où tu vas nous emmener !
Je crois que la « déconstruction » du récit m’a perturbé dans un premier temps. Puis j’ai raccroché les wagons, c’est lié aussi à : « suite au prochain numéro » !
Pareil que Laurent, j’ai été un peu perturbée et j’ai du lire plusieurs fois.
J’aime bien le style « badass » !
C’est super cool, vous avez l’air de bien connaitre vos styles respectifs, ca me donne envie de rester !!
J’aime bien l’évolution de ton texte et le Vietnam qui s’intègre parfaitement dedans. Je trouve que tu perds un peu dans la suite du texte le style « badass » mais c’est peut-être voulu, ça donne plus de place à la tendresse, l’émotion.
Bravo bravo ! Tu as réussi à relier les trois parties de ton premier texte avec beaucoup de finesse. J’aime bien aussi sentir de la délicatesse dans cette deuxième partie tout en gardant un langage gouailleur ! C’est très chouette !
En effet Ariane, j’ai voulu » attendrir » la forme des propos de mon personnage , comme la marque de son évolution intérieur. C’est probablement un peu prétentieux, et j’ai eu du mal à la faire de façon fluide
Jolie manière de lier en un tout cohérent les trois « temps » de ta première partie de texte, Schiele. Infléchir le style de ton personnage pour le rendre un peu plus « doux » est une belle idée, elle serait sans doute encore à affiner, mais difficile à dire tant que le texte n’est pas bouclé. En tout cas, c’est un texte touchant, dans le bon sens du terme (autrement dit, qui touche juste, pas qui joue sur la corde sensible de manière « trop facile »)
Non je trouve que tu arrives bien à l’attendrir , ça fonctionne bien!
Joli exercice de style pour lier les textes. J’aurais sans doute aimé plus de »matière » sur le héros notamment sur son intimité, sa sexualité…. Après je comprends la volonté de le diriger vers le père de famille.
Ton histoire est sensible et s’inscrit dans une actualité sociétale qui fait débat. Bref du tout bon !
Alors pour ma part, ce qui m’est venu en tête apres la lecture de ton texte, c’est explosion d’émotions ! J’aime beaucoup comment ton personnage évolue et comment il se livre. Sa fragilité est émouvante et on ne peut que s’attacher…
Ton début m’a pris par surprise, j’ai eu un instant où je me suis sentie déboussolée. Mais quel plaisir lorsque tout s’est raccroché. Par bribes, on en apprend de plus en plus sur lui, il devient de plus en plus attachant. J’aime beaucoup le fait que tu passes par différents narrateurs pour raconter et j’ai également beaucoup aimé que tu joues complètement sur le fait que tout se finit bien pour certains, et mal pour d’autres. Les sentiments sont à fleur de texte, et comme toujours j’ai été emportée au fur et à mesure de ton histoire.
Merci Groux!! Je discutais avec Gaëlle de l éventuel manque de lisibilité de mon texte, et de le chapitrer pour ne pas qu on soit perdu. Peut-être que si je changeais le prénom Damien en Medhi, ça serait plus évident ?
Enfin j attends vos avis : chapitre ( compréhension plus aisée mais perte de fluidité et des indices), indices supplémentaires ou rester tel quel?
J’ai juste eu un moment d’hésitation lorsque tu as mis « Les incertitudes venaient de Jean, l’évidence ayant été éclatante dès le départ pour moi. » Je me suis demandée qui était ce Jean puis c’est venu assez vite ! Quand tu décris Damien, du coup on comprend que c’est l’autre et que Jean est donc le 1er (ma phrase n’est pas claire du tout mais j’espère que tu comprends ce que je veux dire !) Du coup, je n’ai pas trouvé que ton texte manquait de lisibilité ou empêchait sa compréhension.
Je redis un peu ici ce que j’échangeais avec Schiele en off, au sujet d’un éventuel « chapitrage » pour faciliter la compréhension de qui parle, à quel moment…
Comme Groux, j’ai eu quelques hésitations à la lecture de cette 3ème mouture, mais finalement pas tant que ça. On s’y retrouve. Et il me semble que « chapitrer » les parties reviendrait à « scinder » la narration en parties, au détriment d’une certaine fluidité que tu as pourtant pris soin d’installer. Par ailleurs, tu nous contes une histoire « complexe » (personnages, chemin perso de chacun, etc…), et accompagner cette complexité par une narration riche, qui ne soit pas totalement « linéaire », qui par moment peut dérouter quelques instants (sans nous perdre pour autant) est plutôt cohérent. En ce sens, ton début en 3 temps était super chouette pour élaborer ensuite cette histoire-là. Et quitte à rajouter quelques petits indices, au besoin, pour « éclaircir » le changement de narrateur, ça me semblerait plus intéressant sur ce texte d’essayer d’éviter le chapitrage.
Je disais aussi que par exemple, sur un texte comme celui d’Ariane, ça me semble fonctionner rapidement parce que la narration est plus sur un mode « anecdotique », espiègle, alors qu’ici on est plus sur un mode un peu « lyrique ».
Quant au prénom, perso, je trouve sympa que l’arabe ne s’appelle pas Mohammed ou Medhi, ça nous évite déjà un petit cliché 😉
Et sinon, donc, et ben moi j’aime plutôt très beaucoup (oui, hein, c’est joli comme formule, n’est-ce pas?) la façon dont tu fais évoluer ton texte, les rajouts, les différentes parties qui s’entremêle et qui tissent le destin de ces deux hommes.
Je répète un peu ce qui a été dit plus haut. J’aime beaucoup la complexité de ton texte et j’ai du le lire plusieurs fois pour bien saisir le tout. Un chapitrage va trop le scinder et créer un rythme qui n’ira pas avec le style littéraire que tu utilises. Comme Gaëlle, je pense que quelques indices rajoutés ça et là apporteront quelques éclaircissements. On s’attache en tout cas de plus en plus à ce couple !
Idem, je rejoins les autres. Je vote^^ pour un non-chapitrage mais quelques indices complémentaires. J’ai été un peu perdue dans la narration (mais je m’y suis retrouvée!) et je me demande si ce n’est pas aussi dû au fait qu’on ait lu la suite de ton texte d’abord. J’ai beaucoup aimé ton dernier écrit, l’histoire est très bien campée mais je n’arrêtais pas de me demander en la lisant comment ca s’inscrirait dans le récit qu’on connaissait et ca m’a perturbée. Je me demande si ce ne serait pas plus fluide pour un lecteur qui le découvrirait ainsi d’emblée.
Je pense que tu as raison Ariane. On a tous découvert le texte en trois fois et il doit certainement être plus clair pour un lecteur qui le découvre tout d’un coup (en gros je redis exactement la même chose que toi). Vivement la 4ème proposition et le texte en entier !
C’est un joli texte, émouvant, complet. J’aime bien que tu aies choisi de ne pas raconter la « rencontre » avec leur fille. Parce que finalement, en effet, si c’est le « prétexte » de ce texte, ce n’est pas son sujet. Son sujet, c’est le chemin tortueux et différent des deux amoureux, c’est « comment ils en sont arrivé là », et pas « ce moment là précisément ».
J’ai un doute, au final, sur la pertinence de laisser ce début, qui met finalement en scène des personnages qui sont très secondaires par rapport au coeur de l’histoire. Peut-être serait-ce intéressant de garder cette scène, mais à un autre moment… a réfléchir.
J’ai trouvé en lisant cette ultime version qu’on s’y retrouvait mieux dans les passages d’un personnage à l’autre… Soit c’est parce que je me suis habituée, soit c’est parce que tu as « renforcé » juste comme il fallait les indices qui permettent de savoir qui parle 🙂
Un petit regret pour moi: je pense que tu aurais pu accentuer la différence de « façon de parler » entre tes deux hommes: ça serait un indice aussi dans les changements de personnage, et ça affinerait ton texte, qu’ils aient chacun leur « style » à eux.
Mais une fois que j’ai dit ces petits points, c’est un très beau texte, touchant, et qui résonne très « vrai », que tu nous a tissé là, Schiele 🙂
Je suis tout à fait d’accord Gaëlle avec ta remarque sur la première partie. En fait à la proposition numéro 2, je voulais aussi insérer la vision du père de Jean, car l’idée de mon texte est tout à fait « comment en est il arrivé là? » et qui est il vraiment? Et j’aurais aimé le faire plus parler aussi. J’ai dû pas mal me « restreindre » sur ces ateliers, car j’avais beaucoup à dire. Cette histoire m’est inspirée par moments de très près par mon meilleur ami, et je l’ai écris pour lui, peut être est ce qui sonne « vrai » dedans. Par contre, il n’a pas encore son Damien, peut être pour ça que je n’ai pas réussi à lui donner un langage plus identifiable. Mais justement c’est ça le travail d’écriture….merci encore pour cette jolie période en tous cas Gaëlle
Jusqu’au bout j’aurai aimé lire ton texte ! Cette insertion dans la vie de tous ces gens, dans leurs sentiments était belle. Ni trop envahissante, ni trop légère. On y prend goût, on souhaite devenir leurs amis, savoir ce qu’ils deviennent par la suite. Les différents points de vue ont continué à me plaire ! Bref, j’ai été touché par ton texte !
C’est un bien joli texte avec ces vies entrecroisées. J’aime aussi, comme dit plus haut, que le texte reste sur les trajectoires de vie et les chemins parcourus des 2 hommes pour en arriver là, comme si, par la suite, leur nouvelle vie avec leur petite fille leur appartenait et ne nous regardait pas. C’était agréable aussi, en tant que lecteur, de percer des éléments de sensibilité et de douceur à travers un langage plus gouailleur.