Jour 1 : depuis le pont
En plein cœur de la ville, un jour de soleil, de brise légère, de nuages, de ces gros nuages blancs cotonneux qui laissent le vent les emporter où bon lui semble…
La ville, à l’heure où décroit le jour, où la lumière parait soudain flamboyer…
La ville, traversée de part en part par un fleuve, long courant qui semble immuable… et pourtant…
J’observe depuis le pont ce qui s’agite, s’anime, s’affaire, bruit, grince, murmure et stridule en amont, en aval, autour de moi…
Voitures, bus, vélos en circulation dense ;
Citadins pressés, absents, encore au bureau déjà chez eux…
Bébés qui apprennent le monde du fin fond de leur poussette, bien présents eux à la vie d’ici et maintenant ;
Papis et mamies qui ont abandonné depuis des lustres le rythme effréné de leurs semblables plus jeunes ;
Et les touristes… Leur progression s’apparente à une mélodie de jazz, syncope rythmée par les poses photos au gré des curiosités croisées…
La lumière participe aux mouvements de la ville ; Les bâtiments s’éclairent puis s’éteignent au gré de la marche du soleil, de la course des nuages ; La lumière diapre le fleuve qui parait, au milieu de ce tumulte si égal à lui même… Il va sa route, paisible ou parfois ébranlé par quelque péniche ; mais il ne s’en laisse pas compter et reprend bien vite son écoulement tranquille…
Mais il ne faut pas s’y tromper, chaque parcelle, chaque goutte avance en ordre pas dispersé du tout, et jamais ne parcourt deux fois le même chemin ;
Le fleuve n’échappe pas à la réalité ; la vie va en tous sens ou en un sens mais aucune illusion n’est possible… rien n’est immuable…
Je quitte le pont, rassérénée… Rien n’est immuable, pas même les chagrins d’amour…
Par la Fée Clotilde
Je vais me permettre de confier ici juste une petite partie des échanges que nous avons eu en « off » avec la Fée Clotilde : ce texte a eu du mal à trouver son chemin, à prendre corps. Et c’est une chance pour nous que la fée Clotilde ait persévéré ! C’est je trouve un joli texte, très « ambiancé », poétique, un texte qui pose sur un lieu, sur un instant, un beau regard un peu onirique. Il s’en dégage quelque chose de très apaisé, de serein, qui colle tout à fait bien avec la dernière phrase du texte, et ce terme, « rassérénée ». La fée Clotilde joue sur l’opposition entre les mouvements, partout alentour, et cette observatrice, figée mais si attentive. Et cela construit une narration qui fonctionne tout à fait bien.
C’est un texte encore inabouti, qui ouvre le champ à plein de choses. Sont posés un état d’esprit, et un vrai « ton ». Mais guère plus, dans l’immédiat. De cette femme, on ne sait finalement rien. De son histoire, de ce qui l’a amenée à poser ce regard enfin apaisé sur le monde qui l’entoure (et on devine que ça n’a pas toujours été le cas), rien non plus. C’est donc, sur un plateau, plein de possibles que l’auteur s’est offert à elle-même ! On peut imaginer raconter ce qui s’est passé avant, on peut imaginer narrer ce qui se passera après. On peut aussi imaginer que sur ce pont, elle rencontre quelqu’un d’autre qui regarde aussi le fleuve (ou qui manque s’y jeter)… On peut, on peut, on peut… Plein de choses ! Bref : c’est une bien jolie ébauche, et on aurait grande envie d’en lire plus, dans quelque sens que ce soit !
j’ai bien aimé ce texte, qui décrit, et suscite par ses mots de belles images , et par son rythme une douceur et un calme intérieur
Merci Gaëlle et Schiele pour vos commentaires respectifs qui m’encouragent à »remettre l’ouvrage sur le métier », à continuer cette expérience d’écriture; en effet, ce que vous dites de ce que j’ai écrit correspond à ce que j’ai essayé de transmettre.
J’ai essayé de capturer avec des mots la sensation que j’ai de Paris, de la Seine, le vécu intérieur que j’en ai comme le peintre pourrait le faire avec son pinceau ou le photographe avec son appareil…
Je n’ai pas su mettre en forme l’histoire de cette femme… ça viendra… Du moins je l’espère…
C’est un texte qui déclenche des émotions et des sensations. Tout est dans la douceur, le calme . Pour ma part, je me suis laissée porter au fil de la lecture.
Partir de sensations, d’un genre de « peinture » (et c’est marrant, d’ailleurs, que cette comparaison soit citée, parce que j’ai failli écrire dans mon commentaire initial que c’était un texte impressionniste…) peut être une excellente façon de mener une narration. Ce texte a vraiment du charme. Oui, ça vaut le coup de continuer!
Bonjour!
J’ai tenté de retravailler le texte que je vous avais proposé. J’ai construit la 1ère « date » de ce journal. Je n’ai fait qu’imaginer ce que pourrait être la 2e… (par manque de temps…); Je vous livre donc le fruit de ce travail de we…
Octobre 2014
Il pleut
Une pluie drue, obstinée, aussi déterminée que le concerto pour basson de Vivaldi qui se déverse là, dans tous les recoins de la maison.
La pluie elle-aussi envahit tout l’espace; Elle est faite de différents pupitres à la manière d’un orchestre symphonique.
Il y a la pluie qui forme un rideau tout droit devant ma fenêtre – le soliste de l’oeuvre; sa partition doit être bourrée de « fortes » et autres doubles-croches…
Et la pluie du toit incliné de la grange, en arrière-plan;
cette pluie-là est multiple; chaque parcelle s ‘échappe à un rythme effréné de la toiture et finit sa course dans la gouttière en contrebas.
Sa mélodie apporte un semblant de légèreté à ce déluge, à la façon des flûtes et des hautbois… ou des violons dont les mouvements de l’archet sont aussi hypnotisants que la mélodie qu’ils nous offrent.
Mais une autre complainte se joue en sourdine; Comme un requiem; aucun chef ne la dirige; elle se joue seule, sans cesser un seul instant;
Une mélodie-larmes qui ne m’a pas quittée pas depuis 3 jours.
Il est parti. Avec elle. Et la détresse sourd hors de moi sans discontinuer.
(janvier 2015 => sous la douche; elle va mieux, elle sort de son marasme mais parfois le chagrin la rattrape; Seule une douche parvient à le diluer)
Avril 2015
Pour la première fois depuis bien longtemps, j’ai eu envie de m’offrir une escapade qui m’a conduite en plein coeur de Paris.
C’est un jour de soleil, de brise légère, de nuages, de ces gros nuages blancs cotonneux qui laissent le vent les emporter où bon lui semble…
La ville, à l’heure où décroit le jour, où la lumière parait soudain flamboyer…
La ville, traversée de part en part par un fleuve, long courant qui semble immuable… et pourtant…
J’observe depuis le pont ce qui s’agite, s’anime, s’affaire, bruit, grince, murmure et stridule en amont, en aval, autour de moi…
Voitures, bus, vélos en circulation dense;
Citadins pressés, absents, encore au bureau déjà chez eux…
bébés qui apprennent le monde du fin fond de leur poussette, bien présents, eux à la vie d’ici et maintenant;
Papis et mamies qui ont abandonné depuis des lustres le rythme effréné de leurs semblables plus jeunes;
Et les touristes… Leur progression s’apparente à une mélodie de jazz, syncope rythmée par les poses photos au gré des curiosités croisées…
La lumière participe aux mouvements de la ville; Les bâtiments s’éclairent puis s’éteignent au gré de la marche du soleil, de la course des nuage; La lumière diapre le fleuve qui parait, au milieu de ce tumulte si égal à lui même… Il va sa route, paisible ou parfois ébranlé par quelque péniche; mais il ne s’en laisse pas compter et reprend bien vite son écoulement tranquille…
Mais il ne faut pas s’y tromper, chaque parcelle, chaque goutte avance en ordre pas dispersé du tout, et jamais ne parcourt deux fois le même chemin;
Le fleuve n’échappe pas à la réalité; la vie va, en tous sens ou en un sens mais aucune illusion n’est possible… rien n’est immuable…
Je quitte le pont, rassérénée… Rien n’est immuable, pas même les chagrins d’amour…
Merci pour ce début! J’aime beaucoup la description de la pluie à la manière d’une symphonie, on retrouve cette façon un peu poétique que tu as de décrire le paysage, et de créer une ambiance. Par ailleurs, ton idée pour la deuxième date est également bonne à mon sens, cela au fond donnerait trois dates, avec 3 « eaux » différentes, pour une même histoire. Avec comme fil rouge ces ambiances que tu sais créer, ces belles images.
Bref: au bout du compte, il ne manque pas grand chose pour que ce texte soit bouclé. Bravo d’avoir (et joliment, en plus) persévéré! 🙂