« Badi Bada Feu Clap Clap » .
Un tourbillon.
Une tornade.
Un engrenage complexe parfaitement réglé.
Et toujours ce moteur qui tourne en boucle.
« Badi Bada Feu Clap Clap ».
Lui.
Son corps ne cesse de bouger. L’œil de l’autre ne peut le suivre. Le sien ne peut fixer celui de l’autre. Il semble animé par une transe secrète. Lui-même possède-t-il la clef ? Simultanément ses mains claquent. Vite et fort.
Toujours cette chorégraphie mystérieuse,
« Badi Bada Feu Clap Clap ».
Peu importe ce qui l’entoure.
Peu importe ceux qui l’entourent. Jusqu’à épuisement il persévère. Se rassurer. Essayer.
On l’effleure. C’est un cataclysme qui survient. Il s’effondre et entraîne l’autre dans sa course infernale.
Toujours cette rengaine infernale.
« Badi Bada Feu Clap Clap ».
Des cris. Des onomatopées. Des gestes. De larges mouvements qui semblent déraisonnés.
La culpabilité est un gouffre dans lequel l’autre se noie. Je retiens mes sanglots. Mon cœur a pris l’habitude de battre la chamade au rythme de ce refrain lancinant. Si seulement je pouvais décrypter le code, identifier la formule, interpréter, mettre du sens. Je suis à la fois aveugle, sourde et muette face à lui. Je me déteste.
Toujours cette angoisse criante qui explose.
« Badi Bada Feu Clap Clap ».
Je m’appelle Zoé, j’ai 33 ans et je suis maman d’un merveilleux petit garçon, Pablo. Je l’aime plus que tout.
Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Pablo. Il a cinq ans. Je voulais qu’il souffle ses bougies, sur son gâteau, comme un grand. J’avais fait une tarte aux fraises. Pablo adore les fraises. Enfin, Pablo adore surtout le rouge. De fait, il adore tout ce qui est rouge. Bref, c’était une mauvaise idée ce gâteau avec ces bougies. Pablo a eu peur.
Et comme toujours…
« Badi Bada Feu Clap Clap ».
Pablo a été diagnostiqué autiste l’année dernière. Je ne peux résoudre. J’ai peur moi aussi.
Toujours maintenant.
« Badi Bada Feu Clap Clap ».
Par Colette
Lorsqu’elle écrit Colette n’a pas d’âge…
Les mots s’enfilent comme des perles sur un collier…
Les textes qu’elle écrit ne vivent que sur l’écran de son ordinateur ou sur les pages de ses carnets.
Aujourd’hui, elle décide de se lancer un défi,
Elle a envie,
Elle a peur,
Elle est impatiente,
Elle imagine,
Elle est heureuse d’écrire, là, maintenant, tout de suite ; de penser à ce qui l’attend…
Joli texte à « refrain » lancinant et pas vraiment compréhensible, à l’image de ce petit garçon dont la maman n’a pas réellement les « clés ». En lisant ce petit moment de vie, les bougies qui font peur au lieu d’être élément de fête, on entre par la petite porte dans la vie de Pablo et de Zoé, sur la pointe des pieds, par l’anecdotique, qui est dans ce cas aussi (voire plus) parlant qu’un grand discours. Le texte, d’abord centré sur Pablo, se déplace ensuite sur Zoé, avec en fil rouge l’angoisse, toujours présente, et renforcée par cette litanie impossible à interrompre.
Le déroulé du texte est fluide et bien mené, mais je trouve la fin un peu abrupte, et un peu trop rapide à mon goût (peut-être est-ce encore un coup de la contrainte de longueur, ceci dit !). Je crois que j’aurais aimé que Zoé raconte, même un peu, deux ou trois rêves qu’elle avait pour Pablo, quelques envies qu’elle a aujourd’hui, quelques éléments comme ça. Peut-être d’ailleurs, avec un autre refrain, à ce moment là (une comptine enfantine existant ?). Cela donnerait toute son envergure à ce personnage de maman « coupée » dans son élan par un diagnostique médical douloureux. Je pense que quelques paragraphes d’envies/de rêves très factuels (aller à la piscine, rire ensemble à une blague idiote…) créerait un effet de contraste intéressant et donnerait de la profondeur. Et le texte pourrait se finir par ce retour au « j’ai peur » et au refrain lancinant de Pablo.
J’ai bien aimé ton texte Colette, dynamique, agréable à lire avec de petits indices égrainés au fur et à mesure et ce refrain qui rythme le tout.
Les pistes données par Gaëlle me semblent intéressantes, notamment les rêves déchus et une fin un peu prolongée…
Bonne réflexion!
Badi Bada Feu Clap Clap … terriblement prenant et émouvant.
percutant et poignant je trouve. Comme Gaelle, la fin est trop abrupte à mon goût. Avec un diagnostic « l’année dernière », la maman même si elle ne peut se résoudre doit pourtant vivre/imaginer vivre d’autres moments que cette peur lancinante…
Mais … en même temps, elle ne se l’autorise pas, peut être. Ou peut on imaginer, chaque fois que l’enfant retourne à ce lancinant et répétitif refrain, sa peur revient tout aussi lancinante.
Parce que au fond, elle lui a fait un anniversaire. Un vrai. Qu’elle a rêvé, sans doute….. Avec cette ,et ce refrain qui revient, la peu, juste la peur, prend à nouveau le dessus…..
j’aimerai lire en contraste un moment de « quasi normalité » comme il y en a avec certains de ces enfants…. Juste par contraste. ça me plairait, l’idée d’un autre refrain, exprimant a joie, genre….. ça donne envie de lire une suite, quoi.