Aujourd’hui, j’ai réalisé un projet secret qui remonte à des dizaines d’années, et que je n’avais encore jamais accompli : j’ai planté des roses trémières contre la façade de ma maison (j’adore les roses trémières, désolé). (Oui, je sais, ce n’est pas une annonce très spectaculaire, j’en ai bien conscience).
Planter des roses trémières est un signe que la maison où je vis est bien MA maison. C’était un peu un pacte avec moi-même que de marquer l’endroit avec des roses trémières. Aussi, je me disais en creusant au pied du mur que la maison serait un thème d’écriture formidable… Et après avoir creusé le sujet (après le sol pour les roses trémières, donc) je me suis dit que non, vraiment… C’est vraiment, mais vraiment, mais alors vraiment… trop utilisé.
La maison est partout : il y a, en fiction, des millions de maisons : des romans, des nouvelles, des poèmes, des chansons près de la fontaine ou avec des murs de poussière, ou qui sont des cabanes au Canada ; des films à foison… L’être humain, cet ancien nomade pourtant, ne fait que cela, que de parler de sa maison, de sa case, de son tipi, de son carbet, de son igloo, de sa roulotte, de son bateau, de son château, de sa grotte… Il y a ces maisons qu’on acquiert, ces maisons qu’on perd, ces maisons détruites, ces maisons où on a vécu enfant ou adolescent ou adulte ou vieillard ou en famille ou seul, où il s’est passé des choses horribles, ces maisons où on revient, ces maisons où on se croisait et qu’on regrette (> attention, tarte à la crème ici), d’où on part, il y a des maisons hantées, des maisons qu’on retape sans fin, qu’on hérite, la maison qui dévore ses habitants (je n’ai pas retrouvé le roman qui raconte cela, j’ai un gros trou de mémoire, désolé encore), celle qui s’enfonce, qui est plus grande à l’intérieur qu’à l’extérieur, voire cette maison qui rend folle et qu’on agrandit indéfiniment pendant 38 ans…
La maison est certainement un des thèmes les plus traités dans la littérature, puisqu’il peut tout s’y passer. C’est d’une évidence sans nom, la maison est la naissance, la vie, l’amour, les bonheurs et malheurs, la guerre, la vengeance, la trahison, la mort… voire des romans avec des brocolis (> je plaisante là, mais vous pouvez cliquer si vous voulez).
Ce que je vous propose cette fois, ce ne sera donc pas de parler de la maison, c’est tentant, mais donc vraiment trop facile et trop tarte à la crème… Ce que je vous propose donc sur la même idée et avec le même potentiel que dans les évocations de thèmes ci-dessus, c’est de choisir un lieu, de faire d’un lieu un personnage, ou un symbole, ou une étape de la vie, ou un prétexte, ou un alibi... Enfin d’en faire ce que vous voulez dans une fiction. Comme l’est la maison. le lieu quel qu’il soit a en effet le même usage littéraire : on peut utiliser un lieu qui a une importance unique pour le ou les personnage(s) ou l’intrigue et où, pour autant, il peut tout s’y passer). Mettez en scène, en fiction, en portrait.. un lieu qui sera prépondérant, comme pour la maison. C’est un lieu où il semble qu’on doit être là et pas ailleurs, où ce qui se passe ne peut que se passer là... Un lieu, qui parfois comme le fait la maison, est celui qui vous choisit, plutôt que l’inverse. (Ce qui implique, entre autres, de nous faire vivre, ressentir, voir, entendre ce lieu).
Ce serait quoi, ce satané lieu, par exemple ? : un bar (> attention autre tarte à la crème que j’assume, puisque je l’ai fait moi-même revivre dans un de mes romans), une école, une ruine, une plage, un paysage unique, un pré, un jardin, un camping, un monument historique ou une trace dramatique de l’histoire, un refuge, une vallée, un arbre remarquable dans une forêt… Que sais-je, sinon que le lieu, plus qu’un décor, sera lui-même un personnage…
Bref : LE lieu, UN lieu.
(Utilisez un endroit que vous connaissez bien, et vous verrez la fiction va débouler : il n’y a pas lieu de s’inquiéter 🙂
Photographie (non, ce n’est pas ma maison) : Bennilover on Visual Hunt / CC BY-NC-ND