C’est Cemap (pseudo) lors de l’atelier d’écriture précédent, le premier de ce mois de mars 2019, qui m’a fait revenir en mémoire un vieux projet d’il y a bien vingt ans qui m’avait pourtant à l’époque fort occupé et coûté en énergie. En effet, le texte de Cemap, basé sur la proposition « Il est parti chercher des cigarettes », bien qu’éloigné, m’a fortement fait penser aux deux derniers paragraphes de la chanson La Balade de Jim de Laurent Souchon.
Il sent son parfum sur la corniche
Les lacets, le gravier, et, dans l’air du soir
La Chrysler s’envole dans les fougères et les nénuphars
Le paradis clair d’une chambre d’hôpital
L’infirmière est un ange et ses yeux sont verts
Comme elle lui sourit, attention, Jimmy veut lui plaire
Cette chanson est un roman noir potentiel. C’est justement à cause de cette chanson sortie en 1985 que dans les années 2000 (il me faut le temps, visiblement) j’avais commencé à m’agiter auprès des éditeurs avec un projet de collection de romans courts basés sur « des chansons qui auraient pu être des romans ». L’idée était que l’on passe un accord avec les auteurs de la chanson, qu’on vende le CD 1 titre avec le livre de poche ; les vers de la chanson étant placés en exergue des chapitres… Bref, le roman et sa BO. Un auteur différent par chanson/roman et on respectait l’histoire, on la développait, on faisait vivre les personnages et sa noirceur, ou sa tendresse, ou sa fantaisie ou sa poésie, etc.
On m’a souvent éconduit poliment (« les gens ont-ils vraiment envie de perdre la poésie de la chanson et d’en lire des tonnes sur ces histoires ? »), mais on m’a aussi dit au contraire que c’était une géniale idée (« mais voilààààà… il faudrait tout de même négocier les droits, gnagnagna, etc. »)… Et au final aucun éditeur, même parmi les prétendument enthousiastes, n’y est allé. Et je n’ai jamais su si c’était une idée débile ou non. Peut-être ?
Pour ma part, j’aurais pourtant adoré lire de purs romans de gare narrant « La balade de Jim » de Souchon ou « Vieille Canaille » par Mitchell et Gainsbourg (leur version en 1994, mais l’original fameux : You Rascal you, de Louis Prima est de 1956… quoique écrite par Sam Theard et Thomas Dorsey en 1929 !) (Désolé mes chansons datent, mais mon projet, vous dis-je, vit le jour il y a 20 ans).
J’aurais aimé lire des romans de gare, mais aussi loin des polars, des textes très littéraires, poétiques, intimistes… Il existe bien des tribute bands (groupes qui jouent le répertoire d’un autre groupe ou artiste), pourquoi n’y aurait-il pas une tribute litterature ?
Bref, tout cela pour dire que je n’en démords pourtant toujours pas aujourd’hui : je pense que cela peut être intéressant de faire vivre des personnages de chansons (ils sont déjà populaires), d’écrire le roman ou le récit d’une chanson ou un moment (= nouvelle) issu d’une chanson.
(J’ôte d’emblée Bonnie and Clyde de Gainsbourg et Bardot. Bonnie and Clyde, c’est devenu du mythe, et en sus Gainsbourg pour ses paroles s’est même fortement inspiré d’un des poèmes écrits alors par Bonnie – voire lui a pompé des phrases entières) :
Un moment d’un roman/d’un récit/d’une nouvelle né d’une chanson ? Eh bien, c’est ce que je vous propose donc d’écrire pour cet atelier : retenez un vers ou deux, ou une strophe, ou un refrain (mais je ne vais pas vous demander d’écrire le roman entier !)… Attrapez ce qui vous plaît et écrivez en reprenant au choix argument, personnages, climat, ambiance, époque… Ou l’ensemble…
L’idée serait d’écrire une nouvelle (= 1 chapitre) tirée de la chanson. C’est clair ? (j’espère…). Vous avez bien une chanson culte, qui vous émeut, vous transporte, vous inspire ?
Voici des pistes de chansons françaises dans le désordre (le fait que ce soit présent dans cette liste ne veut pas dire que j’aime la chanson ou l’artiste, hein 🙂 ) :
Hijo de la luna, de Mecano (paroles en Français)
Mon vieux, de Daniel Guichard (si, si, Daniel Guichard, si, si, j’ose ! Il y a un personnage, là).
Déjeuner en paix, de Djian et Eicher (j’aurais tant aimé écrire cette chanson ! J’en suis toujours mort de jalousie).
Nathalie, de Bécaud
Le chanteur, de Balavoine
Le blues du business man, Starmania
Le Sud, La maison près de la fontaine, La rua Madureira, de Nino Ferrer (je ne m’en lasse pas. Il faudrait raconter pourquoi il a écrit cette chanson, mais c’est un autre sujet )
Une belle histoire, de Fugain (forcément)
La java des bombes atomiques, Bourré de complexes, de Vian,
Lily, de Pierre Perret
La vie par procuration, de Jean-Jacques Goldman
Il suffirait de presque rien, de Serge Reggiani
Je m’en vais, de Miossec (ou Je suis venu te dire que je m’en vais, de Gainsbourg)
Marie Jeanne, de Dassin (et de tant d’autres)
Et tant d’autres chansons, à foison : Il ne rentre pas ce soir, Sur la route de Memphis, d’Eddy Mitchell ; Les villes de grande solitude, de Sardou, Les sabots d’Hélène, le Gorille, et nombre d’autres de Brassens ; Louise, de Gérard Berliner ; Le dragon, de La Canaille ; Melodie Nelson, de Gainsbourg ; Un couple normal, de Jeanne Cheral ; À bout de souffle, Tu verras, de Nougaro ;
Cendrillon, de Téléphone ; Putain de machine, de Jagas, Quand j’étais chanteur de Delpech ; La centenaire, de Linda Lemay ; Mireille, d’Annegarn ; Hold Up, Je me suis fait la belle, de Louis Chedid ;
Monsieur William, de Léo Ferré… Mais aussi chez Plume La Traverse, Arthur H, Brel, Barbara, Piaf, Frehel…
Bon bref, des centaines et des centaines, évidemment… Certaines chansons se prêtant davantage au récit que d’autres… On peut aussi lorgner au sein des chansons des choses traditionnelles comme « Dans les prisons de Nantes » ou la désespérante et interminable « À recouvrance – Complainte de Jean Quemeneur« .
Enfin, dernière possibilité (ne restera pas fixé(e) sur la liste empirique ci-dessus : choisissez la chanson que vous voulez qui n’est pas dans cette liste… mais vous donne envie d’en écrire un moment de fiction !
Voilà… : Dites-nous la chanson que vous choisissez (étrangère aussi, pourquoi pas), dites-nous le passage que vous retenez, le refrain ou la strophe… Placez-les en exergue… Déclinez son contenu…
… Et chantez beau merle ! (Belle merlette !)