«Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres». Ceci est une citation d’Antonio Gramsci, philosophe communiste devenue ces derniers temps curieusement très à la mode chez les survivants du parti socialiste qui tiennent à nous mettre en garde contre les montées actuelles des partis populistes, fascistes et autres créatures d’extrême droite. C’est au point que même Pierre Moscovici, commissaire européen et ancien ministre des finances français, a publié le 25 janvier dernier un ouvrage dont le titre reprenait carrément la citation : « Dans ce clair-obscur surgissent les monstres ».
Nous ne sommes pas ici pour parler politique, mais la constatation de ce curieux engouement pour cette citation m’a surtout donné une idée de proposition d’écriture que je n’ai encore jamais vue être pratiquée ailleurs : celle de se baser sur l’idée d’oxymore ; une forme stylistique qui a inspiré un grand nombre d’expressions artistiques.
Clair-obscur et aigre-doux, silence assourdissant et impitoyable tendresse : entre l’oxymore rentré dans le langage commun et celui que vous pourriez vous-même créer, cette forme stylistique est en littérature, infinie, comme peut l’être sa multiplicité de sens, de facettes. Tout peut être oxymore : un personnage (un jeune vieillard ; un mort-vivant, une adorable peste…), un lieu (un désert surpeuplé ; un foyer glacial, … ), une situation, un contexte (un merveilleux cauchemar ; une fête déprimée…), un état (une joie amère, une colère calme…)… En combinant les cartes, on multiplie les potentiels narratifs : personnages complexes, situations troubles, floues, d’entre-deux, ou ambigües, paradoxales ; vertiges effrayants et équilibres instables. Et l’indéfinissable, l’indécis… Voyez ces contraires qui s’attirent, entre chien et loup, ennemis intimes dans l’aube naissante ou une lumière crépusculaire… Cela peut être humoristique aussi, car en comédie il n’y a pas que des clowns tristes, il y a aussi les situations hilarantes du bazar organisé.
Aussi à vous donc de vous emparer de cette contrainte libératrice, il est vrai, empreinte d’une complexe simplicité. Mais qui, je l’espère, vous sera surtout une douce torture…
PS : juste pour le sport, si cela n’apparaît pas dans votre titre, dites-nous SVP en fin de texte le ou les oxymores que vous aurez utilisés, ou créés…