À l’heure du résultat des élections européennes et de l’interminable feuilleton du Brexit, et après le passage du chef kayapo Raoni Metuktire dans les parages, on voit bien – et ce n’est rien de le dire ma bonne dame- qu’il est compliqué de vivre ensemble.
« L’autre est pas comme moi » : c’est à partir de cette étonnante unique et formidable découverte —que je dois avouer humblement j’ai faite (intuition ou génie que j’aurais ? L’Histoire le dira), et que je suis heureux de partager ici avec vous— que je me suis dit dans un moment de grâce et de création : bon sang Coco mais c’est bien sûr ; « la différence », voici un sujet d’atelier. En vérité, au-delà de la différence, mon sujet d’atelier serait plutôt cette chose plus étrange encore que l’on nomme les malentendus culturels.
On y a toutes et tous été confrontés dès lors qu’on a eu la chance de voyager un peu : incompréhensions, quiproquos, mauvaises interprétations, découvertes insolites, problème de traduction… entre membres de nations différentes… Mais aussi surprises édifiantes, leçons morales que l’on peut recevoir… Les différences entre cultures ne débouchent pas toujours sur du négatif, ou de l’insolite, du drôlatique, ou de l’absurde. Les différences culturelles peuvent en effet être riches d’enseignements sur nous-mêmes… Enfin bref et blah blah blah… je vous épargne le couplet convenu sur la différence et la diversité ; on est toutes et tous convaincus. (Quoiqu’en passant, n’oublions pas que la différence interculturelle est une notion qui peut se décliner au niveau bêtement hexagonal, niveau régional : entre Auvergnats et Bretons, entre méridionaux et Picards… On se moque bien des Marseillais comme des Chti’s, des Parisiens comme des Toulousains… Et cela dépasse cet incroyable problème du nombre de bises par région…
… ou encore la guerre entre chocolatine et pain au chocolat, ou le beurre doux vs le beurre salé…)
Ce qui m’intéresse dans cette histoire de différence culturelle, c’est plutôt ce que cela peut impliquer en matière de récit : une mauvaise interprétation, une incompréhension (qui peut naître entre autres d’un problème de traduction), un ressenti lié à des référents différents des nôtres (**) et tout peut basculer (derrière certains liens dans l’encadré ci-dessous on verra que cela peut aller du gros dysfonctionnement de business… jusqu’au potentiellement grave conflit diplomatique…). Cela peut même engager des destins dès l’enfance : il y a une trentaine d’années une circulaire auprès de certaines institutrices parisiennes expliquait que si un enfant d’origine chinoise rit lorsqu’on l’houspille, ce n’est pas parce qu’il est insolent ou définitivement rebelle… mais parce que le rire chez lui est synonyme de malaise. Et qu’il convient de ne pas s’acharner sur le pauvre gosse qui n’est donc pas « braqué » ni insolent.
Comme dans un scénario, le malentendu interculturel peut être un élément déclencheur de l’aventure du personnage, ou le sujet même d’une fiction qui sera comique ou tragique ; la suite ou l’ensemble n’étant que le résultat d’un enchaînement de faits faussés. Et c’est aussi un point à avoir à l’esprit : si un jour il vous venait l’envie d’écrire un roman qui se déroule à l’étranger (que vous y ayez mis les pieds ou non)… il ne faut pas omettre ces différences culturelles. Car il y aura toujours un lecteur pour vous les signaler… mais trop tard (*).
Bref, c’est donc ce que je vous propose : identifier une différence culturelle qui peut faire l’objet, ou le sujet d’une courte nouvelle.
Comment faire ? Trois possibilités au moins (en vous servant ou non des pistes dans l’encadré ci-dessous) :
> Utilisez des souvenirs personnels de paysages, villes, contextes vécus à l’étranger et inventez une situation (en vous basant sur les exemples derrière les liens ci-dessous par exemple) et faites-nous et voyager avec force images, sons, couleurs… sans omettre l’enjeu interculturel. Piochez dans les catalogues de malentendus interculturels ci-dessous et bâtissez ex nihilo (c’est-à-dire sans un vécu personnel, mais avec votre connaissance géographique d’un pays, d’une région, des habitants) une nouvelle de fiction : petite ou grande, que ce soit avec le riquiqui d’un quotidien pathétique, ou avec le grandiose souffle de l’Histoire !
> Ou racontez-nous une anecdote qui vous est arrivée… ou appuyez-vous dessus en l’outrant, l’exagérant, en brodant, en l’amplifiant… Bref, romancez, fictionnez ! Il faut sortir le grand jeu : que ce soit épique (ou presque) car vous savez comme il est difficile parfois de partager une anecdote si on ne l’habille pas d’effets. Bref, un récit avec du verbe et du clinquant ! Il m’est arrivé quelques quiproquo (en Écosse, en Chine…) : je sais les raconter depuis le temps avec gourmandise. Cela peut-être l’occasion ici de faire pareil, d’exagérer vos propres mésaventures en les attribuant à un personnage, mais mis en scène : que cela ait davantage le ton d’une fiction plutôt que celui d’une d’un récit ou d’une confession.
> Ou racontez-nous avec distance, ironie ce que font tous ces gens dans ce « satané pays » (quel qu’il soit). (Bref, faites comme les correspondants britanniques en France qui se moquent des Français, par exemple… 🙂 (*)… mais si possible, en les mettant en scène.
> Petit guide des différences culturelles à l’étranger
> 10 différences culturelles entre la France et le Canada, vues par une Canadienne
> Occident et Asie : quelles sont les différences culturelles à comprendre? (traité en graphisme !)
> 10 différences culturelles entre Japonais et Occidentaux 日本人と西欧人との文化の違い
> Petit tour du monde des gaffes culturelles
> Les erreurs de touristes à ne pas faire en vacances à l’étranger [INFOGRAPHIE]
> Top 10 des pires impairs culturels à travers le monde
> Malentendus culturels – sélection de vidéos (1/2)
> Malentendus culturels – sélection de vidéos (2/2) (> sur un site d’enseignement de la Gestion des risques interculturels parce qu’il existe le management interculturel et des coachs interculturels !).Etc. (La liste serait longue avec l’Amérique latine, l’Afrique et bien des régions d’Asie…)
(Et si vous voulez voir comme ça va loin cette histoire de malentendus et si vous avez du temps pour lire, voici un sujet ultra-pointu mais passionnant car on ne s’attendrait pas à l’existence de certaines problématiques : « MALENTENDUS CULTURELS, ENJEUX DE LA CONNAISSANCE DANS LA RESTAURATION DES ŒUVRES EXPATRIÉES » par CORALIE LEGROUX, Restauratrice de peintures asiatiques ».)
(*) Un exemple que j’aime bien : pour nous une star hollywoodienne au sourire parfait, les dents rectilignes et immaculées, c’est très avenant, charmeur, glamour… Pour un Japonais, qui trouve kawaï les dents irrégulières ou grandies en tous sens, la vedette californienne à la dentition parfaite parait fourbe, méchante, cruelle…
(**) Il y a en effet, par exemple, un véritable « marché » des textes britanniques qui ne cessent de se moquer avec tendresse, ironie ou mordant des Frenchies, ou essaient de les comprendre en vain. Du moindre article de correspondant de presse à de récurrents best sellers d’anthologie tel l’improbable « Une année en Provence » de Peter Mayle dans les années 90, le filon semble inépuisablement éternel. Et comme les Français adorent qu’on les critique, ils font eux-mêmes le succès de ces livres.