Depuis quelque temps, le petit village de Troulabas s’enfonçait dans l’inquiétude, voire la panique.
Tout avait commencé au cœur de ce bel été où le ciel restait invariablement bleu, traversé parfois de petits cirrus qui n’annonçaient que du chaud.Il n’était pas tout à fait 16 heures. Jean-Pierre, coiffeur de son état, se tenait sur le pas de son salon, à regarder le village s’éveiller lentement de la sieste quotidienne. Il saluait les uns et les autres avec bonhomie, assuré qu’il était de les voir arriver un jour ou l’autre pour prendre rendez-vous, puisqu’il était le seul coiffeur du village. Ce jour-là cependant, Jean-Pierre se fit la réflexion que quelque chose clochait, mais il eut beau regarder attentivement, il ne trouva pas sur quoi reposait cette impression. C’est à cela que se résumait son ressenti : une vague sensation, un trois fois rien à la lisière de la conscience. Chassant l’idée importune, il rentra dans le salon afin de préparer son matériel pour la permanente de Mme Claudine.
Ponctuelle et souriante, celle-ci arriva bientôt et commencèrent alors les petits papotages qui font le délice des heures passées chez le coiffeur. L’homme de l’art vous refait une beauté, vous vous laissez chouchouter en commentant les derniers ragots et en sortant, vous vous félicitez de cette journée si bien remplie !
Jean-Pierre tenta bien de sonder Mme Claudine au sujet de ce qu’il venait d’éprouver, mais elle se contenta d’ouvrir des yeux tout ronds et il finit par se dire qu’il avait rêvé.
Le mois d’août se faisait de plus en plus chaud, la sieste de plus en plus longue. Deux jours passèrent. Fabien, le facteur, entra déposer un pli au salon et Jean-Pierre lui donna l’accolade en lui demandant de ses nouvelles.
« Eh bien, lui répondit Fabien d’un air un peu gêné, je trouve que les choses sont bizarres »
Soudain alerté, Jean-Pierre dressa l’oreille :
« Ah bon ?
– Tu n’as rien remarqué ? » lui demanda Fabien
« Ben… à propos de quoi ?
– Je ne sais pas. J’ai eu ces derniers jours l’impression qu’il m’arrivait quelque chose, mais je ne sais pas quoi. J’y aurais fait moins attention si la boulangère et la vieille Georgette ne m’avaient pas dit avoir ressenti la même chose. »
Alors Jean-Pierre lui raconta comment, deux jours auparavant, il avait eu le sentiment d’une étrangeté sur laquelle il n’était pas parvenu à mettre le doigt.
À partir de là, les langues se délièrent avec bonheur, chacun ayant cru de son côté faire une crise de paranoïa.
Quelques jours plus tard, Émile, ancien jardinier en retraite, déboula en trombe dans le village et se rendit au Café des Amis à l’heure de l’apéro. Langues et commentaires allaient bon train, chacun ayant sa petite idée sur ce qui troublait les habitants de Troulabas. Idées, il faut bien le dire, aussi farfelues les unes que les autres, mais qui n’allaient pas tarder à se trouver rattrapées et même dépassées par la réalité.
« Vous avez vu dit Emile, hein, vous avez vu ? »
Les conversations s’arrêtèrent. On entendait seulement voler les mouches insouciantes. Emile semblait au bord de l’apoplexie. Francis, le patron du bistrot lui servit un verre de blanc, histoire de lui remettre les idées en place.
« On a r’in vu du tout, bougonna Gaston, qui en avait plus que marre de l’ambiance délétère qui régnait depuis quelques jours.
– Normal, reprit Emile, normal que vous n’ayez rien vu, parce que cela ne se voit pas. Enfin si, ça se voit que ça ne se voit plus, normal »
Et malheureux comme les pierres, il plongea le nez dans son verre.
Fabien, qui terminait sa tournée, lui demanda :
« Explique toi Emile ! Qu’est-ce que nous devrions voir et qui ne se voit pas ? On a du mal à te suivre, là !
– Eh bien, dit Emile, vous n’avez pas vu qu’elles ont disparu ?
– Mais qu’est-ce qui a disparu ?
– Ben… nos ombres tiens ! Vous n’avez pas remarqué qu’il n’y a plus d’ombres ?»
Un silence assourdissant tomba sur la petite assemblée. Boum !
Et tout à coup, un immense soupir monta de toutes les poitrines. Un soupir de soulagement. Ainsi ils n’avaient pas rêvé. Il se passait bien quelque chose. Mais l’étrangeté, l’énormité de la chose était telle que le soulagement fut de courte durée.
« Mais c’est possible ça, que les ombres disparaissent ? » murmura Toinette qui en aurait bien fait un signe de croix
« Jamais entendu parler de ça, renchérirent les plus âgés », dont l’expérience pesait fort.
« Écoutez », dit Sébastien, le petit jeunot qui venait récemment de s’installer dans le bourg, j’habite pas loin, je vais chercher mon ordinateur portable et on va regarder ça.
– Et moi », reprit Fabien, « je vais prévenir tous ceux qui peuvent et veulent venir.
.- Oui, et demande au maire de rappliquer, ajouta Francis, il faut que les autorités soient là. »
C’est ainsi qu’une demi-heure plus tard, la quasi-totalité du bourg se pressait dans le bistrot. Telle une traînée de poudre, la nouvelle avait fait le tour du village. Les ombres avaient disparu !
Sébastien, grand maître en technologie moderne, était assis devant son clavier, sur lequel il tapa « disparition d’ombres ». Rien …. Il tapa autrement sa requête : «disparition des ombres humaines et non-humaines ». Toujours rien ! Il élargit en vain sa recherche, et, perplexe, se gratta la tête, ne sachant plus où donner du clavier.
Les regards se tournèrent vers Vincent, maire fort avisé du village. Agriculteur également, qui avait bien remarqué que ces derniers temps, ses vaches lui demandaient davantage à boire. Les pauvres, elles n’avaient plus d’ombre pour se rafraîchir !
« Je n’y comprends rien, dit-il et je ne sais pas quoi faire !
– Il faut prévenir les gendarmes», entendit-on.
« Bah ! les gendarmes ! Et pourquoi pas le président de la République, tant qu’tu y es ?
– Tous ces trucs qui détraquent le climat, est-ce qu’ils peuvent supprimer les ombres ?
– Est-ce que ça viendrait pas du soleil ?»
Sébastien reprit son clavier et tapa : « activité solaire, problèmes dus au soleil, etc. ». Rien !
Les regards revinrent se poser sur le maire.
Vincent caressait pensivement la barbe qui lui valait de se déguiser tous les ans en Père Noël pour les bambins du village. À qui pourrait-il bien parler de ce phénomène inédit et inquiétant ? Sûr, on allait le prendre pour un fou ! La gendarmerie, n’en parlons pas, elle avait bien d’autres chats à fouetter en cette période touristique et l’adjudant Plumeau l’enverrait paître en rigolant.
Il songea soudain à Gabriel, cet ancien camarade de classe qui travaillait dans les hautes sphères de la Préfecture. Mais qu’allait-il penser ? Décidément, Vincent se sentait dans ses petits souliers. Il fallait pourtant bien faire quelque chose pour ce village qui n’était plus que l’ombre de lui-même. Le jeu de mots le fit frémir. Ayant informé ses administrés, il partit vers son bureau à la mairie pour appeler Gabriel.
Celui-ci partit d’un tel éclat de rire que Vincent se sentit mortifié jusqu’au plus profond de lui-même.
« Mais je t’assure Gaby, nous n’avons plus d’ombres. Ni les gens, ni les animaux, ni les maisons, plus rien… Tiens, puisque tu ne me crois pas, viens donc déjeuner dimanche avec Valérie et les gosses, tu verras bien ! »
Gabriel accepta et le dimanche suivant débarqua avec sa tribu. Bien vite, il lui fallut se rendre à l’évidence et il en fut profondément troublé.
« Extraordinaire, extra – ordinaire… attends, je passe un coup de fil.
– Si si, Monsieur le Préfet, je vous assure, c’est la vérité vraie. Il n’y a plus d’ombres dans le village. Vous dites ? … ah oui, d’accord je vois. Merci et à tout à l’heure Monsieur le Préfet. »
En quelques mots, il expliqua à Vincent ce que le Préfet envisageait et celui-ci chargea un de ses enfants d’aller répandre la nouvelle au bistrot. De là, elle essaimerait dans le village.
C’est ainsi qu’une heure plus tard, on vit arriver un hélicoptère dont descendirent un préfet mi-figue mi-raisin, le commandant de gendarmerie plutôt raisin que figue et l’ingénieur en chef du service de météo du département, tout frétillant d’aise. Bien sûr, tous les villageois accoururent pour zieuter. Tout ce beau monde fit le tour du village de long en large et de large en long, pour voir si, par hasard, une petite ombre n’aurait pas échappé au désastre. Que dalle !
La joie des habitants fut à son comble lorsqu’en fin d’après-midi, attirés par qui, ou par quoi, on ne sait, des journalistes et la télé firent aussi leur apparition.
On n’avait plus d’ombres, mais on avait du nombre !
Hélas, les recherches furent infructueuses et dans le soleil couchant, à l’heure où les ombres s’allongent et disparaissent (enfin, quand on en a), les autorités se déclarèrent vaincues, l’hélicoptère redécolla… et le mystère demeura.
Sauf que…. Dans la folie de cette journée hors norme, seul Jean-Pierre avait remarqué qu’un homme étranger au village s’était glissé parmi les badauds. L’agitation retombée, il reprit le chemin de la forêt en souriant franchement, ignorant être suivi comme son ombre.
L’attitude très en retrait et presque moqueuse de cet homme avait intrigué le coiffeur, lequel avait décidé de voir où partait l’inconnu. La situation était suffisamment étrange, voire effrayante pour justifier cette décision.
Ainsi le bonhomme flanqué d’une ombre qui ne lui appartenait pas arriva dans la carrière qui, depuis longtemps déjà, meurtrissait la forêt mais dont l’exploitation avait été stoppée depuis une vingtaine d’années. L’homme entra dans le petit cabanon qui avait servi naguère à abriter quelques ouvriers et commença à se faire frire des œufs, qu’il mangea en regardant les étoiles. Une à une, elles apparaissaient dans le ciel. Planqué derrière un arbre, Jean-Pierre avait des fourmis dans les jambes et commençait à se dire que son intuition ne valait pas grand-chose. Alors qu’il s’apprêtait à retourner au village, il vit l’inconnu se saisir d’une vieille lampe tempête et s’approcher du rocher qui avait échappé à la dynamite. Il y avait une anfractuosité quasi insoupçonnable dans laquelle l’homme se glissa sans peine. Pour Jean-Pierre, ce fut un peu plus sportif, mais il ne voulait pas lâcher le halo de lumière dispensé par la lampe. Ils avancèrent un peu sous terre jusqu’à se retrouver dans une pièce d’une taille impressionnante.
Sur le sol reposait un énorme tas noir, dont Jean-Pierre, qui avait gardé ses distances, n’arrivait à distinguer ni la forme, ni la matière, ni l’épaisseur, ni la grandeur. Juste la couleur : NOIR.
C’est alors que l’homme, qui avait en bandoulière une besace que notre coiffeur n’avait pas remarquée dans la nuit, en sortit des outils divers et pour la plupart inconnus. Poinçons, ciseaux, maillet, gouges, et d’autres encore que Jean-Pierre ne parvenait pas à identifier. Il se mit au travail.
Quelle ne fut pas la stupeur, teintée d’horreur, de Jean-Pierre, qui voyait devant lui l’ombre de la fontaine du village, qui, tel un petit animal aux abois, essayait d’échapper à son tortionnaire. Celui-ci en vint cependant à bout et, coupant, cognant, burinant, la jolie fontaine se transforma en une énorme carafe, artistiquement décorée, il faut le dire. Jean-Pierre était estomaqué. Un instant, il songea à s’enfuir pour ameuter le village, mais la curiosité le retint en ce lieu infernal. Il vit défiler devant lui l’ombre de la mairie, la silhouette tordue de Gaston, celle de Mme Claudine (avant la permanente) et bien d’autres encore. Chacune à leur tour, les ombres étaient sculptées, façonnées amoureusement et devenaient un objet du quotidien, joli certes, mais sans vie. Ainsi l’ombre de Vincent se transforma-t-elle en un Père Noël rebondi. Jean-Pierre était en sueur : « mais il connaît donc toutes nos habitudes ce diable-là », se dit-il. Il allait quitter l’endroit en courant lorsqu’il se vit (ou plutôt il vit son ombre) sortir du tas. La surprise fut si intense qu’il ne put retenir un cri d’effroi.
L’homme se retourna tranquillement :
« Approchez donc mon cher Jean-Pierre
– Co-co-co-comment savez-vous que c’est moi ?
– Bah ! depuis que j’observe le village, j’ai fini par bien vous connaître, tous.
– Mais on ne vous a jamais vu ! Qui êtes-vous ? Que faites-vous ?
– Je sais être discret comme mon ombre. Vous voyez bien, je suis sculpteur d’ombres.
– C’est pas un métier ça !
– Et pourquoi donc ?
– Ben… sculpteur d’ombres, ça n’existe pas !
– Parce que les ombres, ça existe ?
– Que oui ! elles sont là, elles nous suivent, elles bougent au besoin, elles sont petites, grandes, déformées, selon les heures et les saisons. Vous n’avez pas le droit de nous prendre nos ombres ! C’est du vol !
– Croyez vous ? Qu’est-ce que vous en faites de vos ombres ?
– Ben.. comme tout le monde, rien !
– Justement, moi j’en fais quelque chose.
– Oui, d’accord, c’est beau, mais c’est du vol !
– Elle ne vous appartient pas votre ombre.
– Si, elle me suit depuis que je suis né. Et celle de ma maison me procure la fraîcheur dont j’ai besoin quand il le faut. Toutes les ombres existent et servent à quelque chose.
– Moi je crois que vos ombres sont fatiguées de vous suivre. Elles en ont marre de la chaleur. Je leur procure fraîcheur et éternité ici. Marre aussi d’être si souvent ignorées. Et je suis né pour être sculpteur d’ombres. Je ne peux pas faire autre chose.
– Je refuse que vous sculptiez mon ombre, rendez-la moi !
– Alors soignez-là, bichonnez-la, aimez-la votre ombre ! Ne passez pas votre vie à l’ignorer » éructa l’homme que la colère commençait à gagner.
Jean-Pierre ne l’entendait déjà plus. Sans hésiter, il s’était emparé de la lampe tempête et courait à toutes jambes vers le village. En sortant de la grotte, il avait vu les premières lueurs du jour à l’horizon. Il n’avait pas eu conscience d’être resté aussi longtemps dans la grotte. Tant pis, il allait réveiller tout le monde !
Il alla sonner et tambouriner aux portes des uns et des autres. Bientôt, le village à demi éveillé était rassemblé sur la place et Jean-Pierre de hurler :
« J’ai retrouvé nos ombres, suivez-moi ».
Chemin faisant, il expliqua en gros la situation à Vincent et Francis, mais il était essoufflé et finit par garder le silence et ses forces.
Les uns après les autres, avec plus ou moins d’aisance, ils se coulèrent dans l’ouverture du rocher et se retrouvèrent dans la grande salle.
« Alors, où est-il, ton sculpteur d’ombres ? » lui demanda Vincent.
Mais l’homme avait disparu. Plus de tas noir non plus. Ne restaient, déposées dans des niches au creux du rocher, que quelques ombres sculptées que chacun reconnut.
Personne n’osa y toucher.
Lorsqu’ils ressortirent tous, à la fois soulagés et vaguement inquiets de cette effraction aussi facile dans leur vie, le soleil était déjà haut devant eux. Les ombres des arbres oscillaient doucement dans le vent. Jean-Pierre se retourna, vit son ombre et lui fit un clin d’œil. Puis il regarda les autres : leurs ombres avaient repris leur place et les suivaient sagement.
PS : si vous tapez sur votre moteur de recherche « sculpteur d’ombres », il n’est pas certain que vous y trouviez l’histoire de Troulabas. On ne revit jamais le sculpteur d’ombres, mais je puis vous dire qu’il est un village, tout là-bas, où les ombres vivent heureuses !
Photographie : Logga Wiggler – cc – Pixabay
Très joli texte, poétique, jubilatoire, cohérent, et qui plus est, stimulant. En effet, pour ma part, il me déclenche des envies d’écriture… et s’il est en effet abouti en l’état, il aurait (comme chez Marine, mais pas sur la fin, pour sa part, dans son déroulé) pu être développé : j’aurais adoré des scènes du village sans ombre : les vieux qui ne peuvent plus aller sur leur banc habituel, les chiens et les chats désemparés et assoiffés, les amoureux qui ne savent où se cacher sous les fraîches portes cochères, le limonadier qui est embarrassé avec sa terrasse et se fait engueuler à cause de l’inefficacité de ses parasols… Que sais-je. Soit aller davantage dans la comédie avec cette belle galerie de personnages qui a été installée. Et enfin, lors de la découverte des ombres chez le sculpteur (où il y a soit dit en passant un tunnel de dialogues sans décor ou description des personnages… humm, mais bon), j’aurais pris prétexte à une farce supplémentaire : certaines ombres auraient été empilées, mais figées dans des postures équivoques, impudiques ou qui trahissent ce que faisaient leurs propriétaires lorsqu’elles ont été raptées ; histoire de faire remonter de vieilles affaires, rancœurs… Occasion de monter en mayonnaise davantage de comédie entre les personnages déjà bien plantés avec cette ironie amusée et discrète, distante, qui règne dans le texte (le préfet, bel incapable 🙂 ).
L’ombre de Mme Claudine sans sa permanente m’a fait éclater de rire… Et cette Mme Claudine, en personnage qui fait sourire aurait pu être l’objet d’un running gag (c’est esquissé dans le texte, on aurait pu y aller davantage). Et tout cela aurait pu être tracé en quelques lignes supplémentaires à peine ici et là. Je sais que c’est plus facile de le dire a posteriori, mais il ne faut pas hésiter à tirer tous les fils, réfléchir à toutes les conséquences du postulat pour gâter le lecteur (et soi-même dans l’écriture) en ayant l’air d’épuiser son sujet… Toutefois, cette nouvelle de Ktou14, en l’état me paraît être réussie, dans le registre des contes ruraux, farceurs et malins. En plus développé, il y aurait même de quoi en tirer un projet de BD à mon avis, ou un petit roman rieur, pagnolesque. (Il se passe aussi que ce texte vient me chercher sur mon propre fonds de commerce : la comédie où je cherche toujours à repousser une situation dans ses retranchements. Mais, certes, on n’est pas aussi forcée d’en faire des tonnes : en matière d’humour chacun distille la dose qui lui convient).
Le texte original, de Stéphane Mahieu, bien moins drôle que celui de Ktou14, > est ici.
Votre commentaire, cher Francis, m’a laissée un peu perplexe. Je ne savais pas trop ce que je devais y lire.
Qu’il vous donne des envies d’écriture, je m’en réjouis.
J’en retire l’impression globale qu’il n’est pas abouti, ce qui ne m’avait pas frappée dans un premier temps.
Si je n’ai pas cherché (volontairement) à tirer parti de situations où l’ombre manquante pouvait créer aussi du comique, je n’ai pas eu l’idée de faire quelque chose de ces ombres empilées, idée que je trouve excellente ! Dans ce passage avec le sculpteur d’ombres, j’ai peut-être été un peu à court d’imagination.
Faut-il que je revoie ma copie ou que je m’attelle à l’écriture d’un petit roman (ce qui n’est pas dans mes projets, je le dis tout de suite) ?
A bientôt
Ktou 14
Oh, je suis désolé. Je ne suis sans doute pas clair. Si, si, il est abouti : d’ailleurs je m’étais bien amusé et l’avait trouvé très bien à la première lecture. Il est totalement acceptable dans cette forme et tiendrait son rang dans un concours ou une revue ! C’est après, en m’y repenchant pour les commentaires, que je me suis dis qu’il y a tout un potentiel non exploité qui pourrait le rendre encore plus complet, plus touffu, plus drôle (mais c’est du moins de mon point de vue -et c’est pourquoi je dis aussi après qu’on n’est pas obligée de pousser le curseur à fond comme je le suggère). Et non, je vous en prie : ne le reprenez pas (sauf si cela vous amuse), et n’écrivez pas de roman si vous n’en avez pas envie !
Un petit air du sud… Un petit côté Pagnol, de la chaleur… Que du bonheur par ce froid !!!
Donc l’atmosphère très chouette. Comme si on y était. J’y voyais presque Montant, Autheuil et Béard… Belle galerie de personnages dans ce petit village.
Mais dans ce cadre idyllique, l’Etranger est –il bon ou mauvais ?
Car il fait ça pour le bonheur des ombres ? Et pourtant elles sont dans un « lieu infernal », elles « tentent d’échapper à leur tortionnaire ». Celui-ci les « coupe, les « cogne »…on dirait de la torture, non ? Pour leur bien ?
Alors moi ma grande question, c’est : que pense une ombre ? A-t-elle conscience de ce qui lui arrive ? J’aurais juste aimé avoir leur ressenti…
Et pour finir, j’ai bien aimé l’humour. J’ai souri bien plus d’une fois !!!
Je ne suis pas certaine qu’il fasse cela pour le bonheur des ombres. Il sculpte ce qui semble ne servir à personne (du moins la prise de conscience n’a-t-elle pas encore eu lieu. Mais j’aime beaucoup l’ouverture sur ce que pense une ombre ! Si je devais étoffer le texte, je rebondirais probablement là-dessus. Et, suivant également l’idée de Francis, je m’attarderais davantage dans cette partie du texte.
Dans mon esprit, l’étranger de mon texte n’est ni bon ni mauvais : juste un révélateur.
En lisant le questionnement de Eevlys sur l’étranger, je pense à ce livre de Lydie Salvayre « tout homme est une nuit ». Mais c’est une autre problématique.
Merci pour ce regard !