Il y a une chose dont j’essaie de me défaire, c’est écouter les commentaires des médias sur ceci ou cela — ceux que l’on appelle les ultracrépidariens, les experts en tout qui débattent entre eux, mais n’ont pas vraiment de compétences — qui en vérité ne font que reformuler les faits en tirant des hypothèses hasardeuses, sachant que comme a dit Pierre Dac que « La prévision est difficile surtout lorsqu’elle concerne l’avenir. ». Dans ces débats il y a deux formules à la mode qui reviennent systématiquement actuellement, c’est : « On est au début d »’une nouvelle séquence », ou on « entre » ou « on sort » « d’un moment » (politique, écologique, économique, géostratégique, sociétal, et j’en oublie…).
En regardant les jonquilles à ma fenêtre et m’impatientant de sortir de la saison des tempêtes, je me disais qu’il serait temps de finir cette séquence, et de passer au printemps. Je me suis dit aussi, la renaissance (qui est aussi un nom de parti sans doute déposé à L’INPI, hein), le renouveau, etc. serait aussi un sujet d’atelier. Mais voilà : je n’aime pas tomber trop facilement dans le truc attendu du « racontez-moi le printemps » (même si le printemps est donc plus qu’attendu), et en fait il vaut mieux aller plus loin. En regardant ma liste de sujets de ces dernières années je m’aperçois que je n’ai jamais proposé (j’étais pourtant persuadé que si, mais bon, j’avais juste dû y penser un jour) ces notions de début, de commencement (choses bonnes, choses mauvaises), de page qui se tourne. Je fouine et je trouve > un site qui a recensé 70 citations sur le début/le commencement. (C’est un site de ceux qui pullulent, emplis de bonheur, de bien-être et toutes ces choses avec du thé vert, des huiles essentielles et des cailloux empilés au bord de la rivière, mais c’est un bon début pour l’inspiration).
Ce que je vous propose donc — mais on va corser le truc parce qu’ici on n’est pas au salon de médecine douce (*) — c’est d’écrire une nouvelle qui se situe juste à la « fin d’une séquence » ou au début d’une autre. Un moment charnière. On pourra être à l’aube du meilleur comme du pire (pour le pire je rappelle > la citation de Gramsci, intellectuel et dirigeant du parti communiste italien du début du XXe siècle : « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres », ça ne s’applique hélas pas qu’au capitalisme ou à la politique).
Cela signifie que la chute de la nouvelle sera forcément ouverte, même si vous racontez une fin ou un début : la chute sera sur l’arrivée probable ou confirmée d’un nouveau moment (c’est un peu la dernière page du Germinal de Zola, le soleil qui se lève sur des sillons labourés — zut, c’est encore politique) ou sur la fin probable ou confirmée du précédent ; chute qui induira elle aussi de toute façon une ouverture vers un futur. imaginable ou suspendu.
Le début, le commencement, je vous laisse imaginer du joli comme du flippant : ce sont les premiers pas d’un enfant, deux flics qui vous font monter dans le fourgon à la sortie du tribunal, un DRH qui bredouille et ne vous regarde pas dans les yeux, une rencontre charmée dans une soirée entre deux personnes, une lézarde qui apparait au plafond de votre maison, l’embarquement sur un bateau pour un long voyage, faire des valises (pour partir de chez vous ou pour vous installer ! — c’est comme remplir ou déballer des cartons de déménagement ou recevoir ses clefs), une déclaration inquiétante entendue à la radio, effacer un tatouage de jeunesse, faire son dossier de demande de retraite, se faire enrôler dans une affaire louche, sentir l’odeur de la première pluie après une longue sécheresse, toucher son premier salaire, comprendre qu’on n’aurait jamais dû « faire ça » et vouloir réparer, rompre avec un ancien ami, obtenir son permis, avoir soudain besoin de lunettes, déchiffrer son test de grossesse, reprendre des cours à la fac, arrêter de fumer (mode résolution)… Bon, bref…
Quoiqu’il en soit, vous voilà à l’aube d’une nouvelle séquence : écrire une nouvelle pour l’atelier de mars… À bientôt !
(*) Médecine douce et autres, pour qui j’ai le plus grand respect. Mais on peut bien ricaner bêtement, hein ?
Image : FM + Midjourney.
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